(Togo Officiel) - Dans une tribune publiée dimanche dans le Financial Times, le Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé est revenu de façon approfondie sur la riposte contre le nouveau coronavirus (Covid-19). Surtout, le leader togolais a mis l’accent sur l’importance de la protection sociale dans l’approche à adopter en Afrique et dévoilé les mesures prises en ce sens par le Togo.
« Quelle que soit l’efficacité de l’approche du monde développé face à la pandémie de Covid-19 en termes de protection de la santé publique, elle ne fonctionnera tout simplement pas en Afrique sans protection sociale », estime le Chef de l’Etat. En cause, le nombre beaucoup trop important de ménages vulnérables à faible revenu et de travailleurs informels. De ce fait, l’instauration d’un confinement strict en forçant les gens à rester à la maison, « ne fera que créer une certaine pauvreté », assure le n°1 togolais, qui rassure que son gouvernement « essaie de faire un effort supplémentaire pour que cela ne se produise pas ».
« Près de 85% des travailleurs africains qu’ils soient de petits agriculteurs, des vendeurs de nourriture de rue, des récupérateurs de déchets, des opérateurs de transport ou des marchands nomades opèrent dans le secteur informel. Beaucoup survivent au jour le jour », a reconnu Faure Gnassingbé. Ceci étant, « restreindre leurs déplacements signifie qu’ils ne pourront pas mettre de nourriture sur les tables de leur famille ».
Alors pour le Chef de l’Etat, « le moyen le plus efficace de leur venir en aide est le transfert d’argent ». Ce que le Togo a fait en lançant il y a quelques jours un système de filet de sécurité sociale appelé «Novissi». Ce programme de transferts monétaires dont le nom signifie « Solidarité » dans un dialecte local, veut répondre à cette problématique identifiée par le Président de la République, en soutenant tous les travailleurs informels togolais dont les revenus sont perturbés par les mesures gouvernementales prises en réponse au Covid-19.
Le mode d’emploi est simple : tous les citoyens, travailleurs informels âgés de 18 ans ou plus, dont les revenus ont été affectés par la crise et qui peuvent prouver leur identité avec une carte de vote valide recevront une subvention de l’État représentant au moins 30% du salaire minimum. Plus exactement, 12 250 FCFA/mois pour les femmes et 10 500 FCFA pour les hommes. « L’objectif est d’aider les bénéficiaires à payer les nécessités quotidiennes de base telles que la nourriture, l’assainissement et la communication », précise le Chef de l’Etat, qui rappelle également la suppression des frais d’eau et d’électricité pour les plus vulnérables, afin de les protéger au mieux de l’impact économique du respect des mesures mises en place.
« Les femmes recevront les paiements les plus élevés possibles, car elles sont plus directement impliquées dans l’éducation de l’ensemble du ménage. Les paiements seront également effectués directement sur le compte mobile des bénéficiaires. Ceci est rapide, réduit le risque de fraude et élimine le contact avec de l’argent, que beaucoup soupçonnent de contribuer à propager le virus », explique davantage le leader.
Dans les faits, le Programme trouve déjà un écho favorable. Selon la mise à jour effectuée dimanche à 20h, plus de 800 000 personnes se sont enregistrées et un peu plus de 383 000 en sont déjà bénéficiaires. Plus de 2,2 milliards FCFA ont déjà été décaissé par le gouvernement.
« Les gens ne devraient pas avoir à choisir entre la mort par Covid-19 ou la faim », martèle Faure Gnassingbé qui suggère à ses pairs d’adopter des systèmes similaires pour venir en aide aux populations : « L’inscription est rapide. Les fonds peuvent être transférés rapidement. Le système est transparent et facile à auditer », assure-t-il.
« Cette initiative sera une entreprise sans précédent », affirme le Président de la République », qui insiste sur l’apport de tous les partenaires : « Plus que jamais, le soutien des donateurs internationaux, des partenaires au développement, des philanthropes, des amis de l’Afrique et, surtout, des diasporas nationales peut faire la différence. Le but est de nous empêcher de perdre tous les gains que nous avons réalisés dans la réduction de la pauvreté et d’atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU ». « La victoire dans la lutte contre Covid-19 sera finalement jugée non seulement par notre capacité à sauver des vies, mais aussi par notre capacité à empêcher des millions de personnes de retomber dans une pauvreté abjecte », a-t-il déclaré.