Burkina Faso : le décès de Salif Diallo suscite une vague d’émotion et de témoignages en Afrique de l’Ouest

Publié le mercredi, 23 août 2017 12:11

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(Togo Officiel) - Agence Ecofin) - Le décès de Salif Diallo, président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, a provoqué une véritable vague d’émotion, au delà même des frontières du Pays des hommes intègres. De nombreux hommages lui sont rendus, tant par le Burkinabé de la rue que par la classe politique, toutes tendances confondues.

Pour prendre le mesure de ce que cet homme a su inspirer autour de lui, voici les témoignages de 3 de ses amis parmi les plus proches.

 

Abdou Aziz NDIAYE : « Le brillant parcours politique et professionnel de ce monsieur n’a pas été sans sacrifices ! »

911 abdou ndiaye

Il y a plus de 30 ans nos chemins se croisaient, Salif DALLO et moi, sur les travers des amphithéâtres de l’Université de Dakar. Sa fidélité en amitié a été largement témoignée par ses camarades et adversaires politiques, à travers les radios et télévisions, tout comme sa vaste culture politique, ses qualités de fin stratège, sa détermination ainsi que son engagement, plus pour la cause d’un système que celle d’un homme.
Dans sa vie familiale et sociale, Salif fut un homme exceptionnellement modeste, humble, empathique et serviable.
Il défile dans ma tête le film de cet homme qui avait débarqué à Dakar par la route à un moment où le trajet Ouagadougou-Dakar pouvait durer des semaines, sans bourse, ni aide et qui avait affronté les pires difficultés pour survivre et étudier.
Il avait pourtant fini par réaliser un brillant parcours universitaire, sans que ses camarades de fac pour qui il engageait d’épiques batailles syndicales, ne se doutent de ce qu’il endurait au quotidien.
Il y a peu, on évoquait, lui et moi, les "yaboï" (sardinelles pleines d’arêtes que seuls les pauvres sont supposés manger), qu’il lui arrivait d’aller payer à 100 F.Cfa (moins de 0,20 Euro) à la plage de Soumbédioune, non loin du campus, ainsi que des paquets de « mbisskitt » ou biscuits de mer très bon marché, (destinés aux marins et pêcheurs lors de leurs longues marées), dont il se gavait quand il n’était pas invité dans des familles ou qu’il lui manquait le temps d’y aller.
Avoir en poche un ticket resto et quelques bâtons de cigarettes relevait du luxe pour lui.
C’est vous dire que le brillant parcours politique et professionnel de ce monsieur n’a pas été sans sacrifices !
Qu’il a été conquérant !
Je le revois encore, renoncer à la rutilante berline mise à sa disposition par les autorités sénégalaises lors de ses visites, pour sauter à bord de ma modeste VW Golf dans les années 90, ou préférer le bol de thiepp (riz au poisson) de mon épouse, aux buffets des grands Palaces où il était logé.
Cet ami arrivait toujours à Dakar, les valises pleines de cadeaux pour les épouses et enfants de ses camarades d’infortune que nous fûmes. Il pouvait passer de longs moments à jouer et plaisanter avec nos enfants.
Il me revient en mémoire le souvenir de ce chauffeur de la Présidence de la République du Sénégal, désigné pour le conduire durant un de ses séjours, et avec qui, il n’avait pourtant eu de contact que lors de ses rares déplacements officiels et qui, quelques temps après son départ a donné prénom de Salif à son nouveau-né (honneur suprême au Sénégal).
Ce monsieur m’a justifié cet honneur fait à Salif par l’important soutien financier que ce dernier lui spontanément apporté à sa fin de visite, et qui lui a permis de finir les travaux de sa maison en chantier depuis des lustres.
Que d’étudiants ont été envoyés à Dakar dont beaucoup n’ont aucun lien de famille avec lui et dont les études ont été entièrement financées par Salif et/ou l’insertion professionnelle réalisée par ses soins.
Aujourd’hui, je suis fier de rencontrer à Ouaga des médecins, ingénieurs, députés, banquiers, avocats, experts, etc., etc., dont il a aidé et facilité l’éclosion en me les envoyant à Dakar, tous frais pris en charge, tout le long de leurs études.
Je me rappelle toutes ces personnes au Burkina et au Sénégal qu’il a aidées à accomplir leurs pèlerinages à la Mecque ou à Lourdes, et qui, au quotidien le couvrent de prières.
Comment oublier cette scène de la préparation d’une de ses campagnes électorales durant laquelle, je lui rappelais qu’il avait oublié de se doter de bouteilles d’eau minérale ou de comprimés "Aquatabs" pour purifier son eau de boisson en milieu rural.
Il m’avait répliqué qu’il buvait l’eau des puits des villages où ses tournées de Ministre de l’Agriculture le conduisaient et qu’il en sera toujours ainsi, quoiqu’il puisse en advenir.
C’était un homme dont les salons, cours, devantures de maisons et bureaux étaient toujours si bondés de monde, tous les jours, que je me demandais à quel moment il arrivait à travailler au point d’avoir des bilans aussi reluisants dans tous les Ministères qu’il a eu à diriger.
Salif était naturellement bon, disponible, généreux, serviable, altruiste.
Le Burkina a perdu un grand Homme. Ses amis dont je me compte, ont perdu un fidèle et dévoué compagnon.
Si le Paradis est fait pour les hommes bons, Salif est sûrement en train de s’y reposer dans un somptueux Palace.
Kadi, Aziz, Ezzedine, Bayazid vous tenez en lui un modèle à suivre.
A vous et à Chantal Salambere Diallo, sa fidèle, dévouée et exemplaire compagne, je réaffirme mon attachement indéfectible. A vie !

 

Ibrahim Mamane, Directeur Général de la Compagnie Minière et Énergétique du Niger : « Il n'a vécu que pour les autres

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Il n’y a pas que le Burkina qui pleure l'illustre disparu. Au Niger, sa seconde patrie, notre douleur est incommensurable. C'est l'ami, le frère et le camarade qui s'en va après une vie entièrement dédiée à la cause du peuple burkinabé et au delà, des peuples africains.

Son profond humanisme est à la base de son engagement et sa détermination politiques : il déploiera la même énergie à solutionner le problème d'un citoyen ordinaire, d'un ami, d'un camarade, d'une veuve et d'un orphelin que s'il avait affaire à un problème d'Etat. Il n'a vécu que pour les autres.

Sa fidélité en amitié, son attachement aux causes justes, sa vision éclairée en matière politique font de lui un homme profondément attachant, ce qui explique ses nombreux amis à travers le monde. Le vide créé par sa disparition peut très difficilement être comblé.

A la veille de son départ pour la Tunisie, il disait à un petit frère qu'à la fin de son mandat en 2021, il prendra sa retraite politique pour venir s'installer au Niger (il m'a toujours dit que, durant ce mandat, il va s'atteler à préparer des jeunes pour la relève). En plaisantant, le petit frère lui rétorqua qu'au rythme actuel de son travail, il lui serait difficile de vivre jusqu'à cette date : quelle prémonition. Il est mort d'épuisement au travail car il était de tous les fronts. Qu'il repose en paix.

A Chantal son épouse, à Kadi et ses frères, à toute sa famille, aux amis et camarades, aux camarades du MPP et à l'ensemble du peuple burkinabè, je présente mes condoléances les plus attristées.

 

Mohamed Malick Fall, Représentant UNICEF – Nigeria : « Il était loyal comme seul un frère pouvait l’être. »

911 mohamed fall

Samedi dernier, un coup de téléphone matinal m’a appris la disparition de mon ami Salif Diallo, le Président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso. Depuis, je suis submergé par un chagrin immense. Ces derniers jours, me reviennent constamment en mémoire les souvenirs de 35 années d’amitié, riches en expériences et en événements inoubliables.
Je me souviendrai toujours de sa personnalité visionnaire, d’autant plus remarquable qu’elle s’était forgée à un très jeune âge. Je me souviendrai toujours de ses analyses, de sa capacité à lire la situation politique, alors même qu’aucun de nous à l’époque n’avait 25 ans. Ses analyses étaient brillantes; et auraient pu être considérées comme exceptionnelles même pour un homme de plus de cinquante ans.
Mon dernier souvenir de Salif Diallo remonte à cette rencontre à Niamey, où il était à l’époque en exil pour des raisons politiques. J’avais été, comme toujours, fasciné par son analyse extrêmement pertinente de la situation du Burkina Faso et de l’Afrique de l’Ouest. Ses analyses politiques, ses opinions et sa vision se sont toujours avérées pertinentes et justes.
Depuis son décès, les témoignages se multiplient pour dire à quel point Salif Diallo était un politicien hors pair. Je voudrais aussi ajouter qu’il mettait les valeurs de l’amitié, de la solidarité et de la compassion au-dessus de tout.
Depuis notre première rencontre, au début des années 80, à l’université de Dakar, Salif a été fidèle à notre amitié. Une amitié qui s’est étendue à toute ma famille; il était loyal comme seul un frère pouvait l’être.
Je me souviendrai également de lui comme d’un homme d’une remarquable humilité. Bien qu’investi de responsabilités politiques de très haut niveau à un très jeune âge, il est toujours resté fidèle aux amis d’avant le début de sa prestigieuse carrière.
Comme beaucoup de ses amis et parents, je ressens aujourd’hui le vide créé par sa disparition. Mais dans le même temps, je suis convaincu qu’il repose en paix, avec la satisfaction d’avoir joué un rôle majeur dans les progrès de la démocratie au Burkina Faso et dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Hier, l’un de nos amis très proches, sous le choc de sa disparition, me disait que nous devrions nous sentir coupables de ne pas l’avoir assez poussé à se reposer et à prendre ses distances par rapport à la politique qui, visiblement le consumait. J’ai répondu que si nous y étions parvenus, nous l’aurions probablement perdu bien plus tôt. L’engagement de Salif, son impatience à voir la justice sociale et le progrès aboutir au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest, ne lui aurait pas permis de se reposer.
C’est pour cette raison que nous devons être fiers de ce qu’il a accompli pour son peuple, pour sa famille, pour ses amis. Nous devons prier pour que son âme repose en paix, et nous consoler en nous disant que nous avons eu l’immense privilège de croiser la route d’un homme exceptionnel.
Mon frère, repose en paix, et que la terre te soit légère.

 

PROGRAMME GENERAL DES OBSEQUES DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE, DOCTEUR SALIFOU DIALLO

Mercredi 23 août 2017
15 h 00 : Arrivée de la dépouille mortelle à l’aéroport international de Ouagadougou.

  • Accueil
  • Formalités policières et douanières
  • Honneurs militaires (piquet d’honneur)
  • Recueillement et prières
  • Départ du cortège funèbre pour la famille (Ouaga 2000)
  • Arrivée du cortège dans la famille
  • Honneurs militaires (garde rouge)
  • Dépôt du corps dans la chambre du défunt
  • Recueillement des membres de la famille du défunt (30mn)
  • Sortie du corps sous le grand hangar
  • Recueillement Général ( Veillée de prières)

Jeudi 24 août 2017

  • 07 h 00 : Levée du corps au domicile familial, suivie du départ du cortège pour le siège du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) sis au quartier Ouidi
  • 07 h 30mn : Arrivée du cortège au siège du MPP.
    Cérémonial d’hommage du parti à l’illustre disparu
    Allocution d’hommage de Monsieur le Premier vice-Président du Parti (10 mn)
    Recueillement général
  • 08 h 15 : Transfert de la dépouille mortuaire à l’Assemblée Nationale
  • 08 h 45 : Arrivée du cortège funèbre à l’Assemblée Nationale
    Dépôt du cercueil au niveau du présidium aménagé de l’Hémicycle.
  • 08h50-10h00 : Recueillement général de l’ensemble des honorables Députés
    Cérémonial d’hommage à l’image de l’Ouverture d’une session parlementaire
  • 10h10 : Levée du Corps à l’Assemblée Nationale et Départ du cortège funèbre pour le Palais des Sports à Ouaga 2000
  • 11h00 : Arrivée du cortège au Palais des Sports et début de la cérémonie d’hommage
    Honneurs Militaires
    Dépôt du cercueil sur la plateforme du Palais des Sports
    CEREMONIAL DE L’HOMMAGE NATIONAL A S.E.M. LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE DR. SALIFOU DIALLO

1- Passage des différents groupes pour leur recueillement selon l’ordre protocolaire : (Préséance nationale)
2. 13H00 : Arrivée de leurs Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’Etat
Honneurs militaires (Exécution de l’hymne de l’Union Africaine)
Installation à la loge officielle
3. Allocution d’hommage des délégations étrangères ( 5mns par délégation)
4. Allocution d’hommage du Chef de file de l’Opposition ( 5mns)
5. Allocution d’hommage de la Majorité (5mns)
6. Discours d’hommage de Monsieur le premier vice-président de l’Assemblée Nationale (10 mns)
7. Discours d’hommage de S.E.M. le Premier Ministre, Chef du Gouvernement (10mns)
8. Cérémonial de décoration ( à titre posthume)
9. Sonnerie aux morts
10. Recueillement de Leurs Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’Etat (Seuls)
11.Exécution de l’hymne national chanté en chœur

  • 14 h00 : FIN DE L’HOMMAGE NATIONAL
    Honneurs Militaires
  • 14h10 : DEPART DU CORTEGE FUNEBRE POUR OUAHIGOUYA (VILLE NATALE DE L’ILLUSTRE DISPARU)
    NB : BREVES ESCALES A YAKO ET GOURCY (RALENTISSEMENT DU CORTEGE)
  • 17 h 30 : ARRIVEE DE LA DEPOUILLE MORTUAIRE A OUAHIGOUYA
    Accueil à Ouahigouya
    Tour d’honneur de la dépouille mortelle dans certains artères de la ville de Ouahigouya
    Transfert du Corps dans la chambre du Défunt
    Recueillement avec les membres de la Famille ( 30 mn)
    Sortie du Corps sous le grand hangar (exposition, recueillements et prières).
  • 20h00 -07h00 : Veillée de prières avec l’ensemble des Corps Constitués de la Région, des membres de la famille et de l’ensemble des invités.

Vendredi 25 août 2017
CEREMONIAL D’INHUMATION

  • 08h00 : LEVEE DU CORPS POUR LA PLACE DE LA NATION DE OUAHIGOUYA
  • HOMMAGE POPULAIRE
  • DEFILE MILITAIRE DES FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE DEVANT LA DEPOUILLE MORTELLE EN HOMMAGE A L’ILLUSTRE DISPARU
    DEPART DU CORTEGE FUNEBRE POUR LA MOSQUEE
  • PRIERES MUSULMANES
  • RETOUR DU CORTEGE FUNEBRE POUR LE DOMICILE DU DEFUNT
  • ORAISON FUNEBRE (FAMILLE, AMIS, USO, PARTI MPP, ASSEMBLEE NATIONALE)
  • SONNERIE AUX MORTS
  • INHUMATION
  • PRIERES ET DOUA

FIN DES OBSEQUES
QUE SON ÂME REPOSE EN PAIX

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