Victoire Tomegah Dogbé : «Avec le Miato, nous voulons promouvoir de véritables entreprises artisanales et renforcer l’attrait touristique du Togo»

Publié le vendredi, 25 octobre 2019 09:16

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(Togo Officiel) - Alors que le tout premier marché international de l’artisanat du Togo prend son envol ce jour, Victoire Tomegah Dogbé, ministre du développement à la base, de l'artisanat, de la jeunesse et de l'emploi des jeunes revient sur les enjeux de ce grand rendez-vous. Les objectifs du Miato, les impacts attendus, les opportunités, les derniers tours de vis pour la mise en œuvre d’un mécanisme de financement dédié au secteur, la ministre nous livre,  sans détour, le nouveau paradigme du gouvernement pour le secteur de l’artisanat, 18%  du PIB, 1 million d’acteurs locaux, et atténuateur du déficit commercial.

République Togolaise (RT) : le Togo lance aujourd’hui son  tout premier marché international de l'artisanat. Quels objectifs vise cet événement ?  Quel en sera le moment fort?

Victoire Tomegah Dogbé (VTD) : Le MIATO vise à  promouvoir les produits ou services artisanaux à travers la mobilisation de milliers de visiteurs autour de ces derniers. Il s’agit de faire découvrir les talents et le potentiel des artisans togolais et de sensibiliser les jeunes sur les opportunités du secteur de l’artisanat avec à la clef la valorisation de certains métiers porteurs.

Plusieurs moments forts vont marquer cette première édition : les rencontres d’affaires entre les artisans africains et les acheteurs professionnels, les ateliers pratiques permettant aux visiteurs de découvrir le quotidien de certains artisans etc.

RT : Si l'artisanat contribue à la réduction du déficit de la balance des paiements, c'est surtout parce qu'il est fortement alimenté par les arrivées de touristes internationaux. Le MIATO devrait accueillir des participants venant de plus de 26 pays, apprend-on. Comment utiliser l'attrait touristique actuel du Togo pour booster le secteur de l’artisanat ? Qu’avez-vous prévu à cet effet ?

VTD : Le MIATO est également un cadre de promotion et de valorisation de notre patrimoine culturel qui s’apprécie sur les empreintes laissées par nos valeureux artisans sur leurs différents produits d’art, de décoration et traditionnels. Ce sont bien là des éléments qui suscitent l’intérêt des touristes. Et tout le décor du MIATO a tenu compte de cet aspect de la chose, de sorte que notre savoir-faire ancestral soit représenté le mieux possible!

L’artisanat togolais, en général, a une bonne valeur marchande et notre mission est de contribuer à la rendre encore plus compétitive dans la sous-région. Nous voulons promouvoir la création de véritables entreprises artisanales, capables de renforcer le Togo comme destination touristique. De façon générale, le tourisme et l’artisanat se nourrissent l’un de l’autre.

RT : Le gouvernement prévoit d’appuyer la création de 4 200 entreprises artisanales d’ici 2022. Comment le MIATO pourrait-il contribuer à la réalisation de cette ambition ?

VTD : En dehors de l’exposition vente des produits, le MIATO entend communiquer suffisamment sur les opportunités qu’offre le secteur de l’artisanat et qui permettent aux jeunes professionnels de mieux affiner leur choix et d’adopter des démarches gagnantes dans le sens de la création et gestion d’entreprises artisanales.

A ce titre,

  • des ateliers de formation seront organisés sur les meilleurs outils permettant de mieux vendre par exemple, ou comment protéger ses œuvres, comment réussir l’emballage des produits en termes de design, pour ne citer que ceux-là.
  • des panels et communications seront tenus pour permettre aux participants d’échanger avec des spécialistes du secteur sur les thématiques brulantes de l’heure qui auront pour but d’amener les artisans à créer, consolider et gérer des entreprises viables ;
  • des projecteurs seront braqués sur certains métiers porteurs du secteur pour susciter auprès de jeunes visiteurs l’envie d’embrasser l’apprentissage de métiers artisanaux, débouchant donc sur la création d’entreprises.

RT : Les autorités ont récemment envoyé, pour une formation d’un mois en Chine, trois artisans sculpteurs. Cette initiative est-elle ponctuelle ou répond-elle à un programme qui devrait voir d’autres vagues d’artisans togolais se perfectionner chez le géant asiatique ?

VTD : Effectivement, l’ambition de promouvoir efficacement l’artisanat nous a amenés à nouer des partenariats diversifiés et très fructueux avec nos partenaires au développement dont la Chine.

Dans ce cadre, depuis 2011, plusieurs vagues  d’artisans ont fait le déplacement en Chine pour se perfectionner dans leurs métiers d’exercice afin qu’au retour, ils puissent valoriser les nouvelles compétences acquises au profit de leur secteur. Les principaux métiers concernés sont la couture, la broderie, la sculpture, etc.

C’est donc une initiative qui s’inscrit parfaitement dans un programme bilatéral durable de renforcement des capacités des artisans.

RT : Pour un secteur où les acteurs disposent de très peu de garantie pour bénéficier des prêts bancaires, que prévoit votre département au-delà des mécanismes de financement communs comme le Faiej ou Ajsef, pour révéler le potentiel des artisans togolais ?

VTD : De façon succincte, nous sommes dans la dynamique de lancer un nouveau projet qui s’inspire des expériences des mécanismes que vous venez d’énumérer, pour offrir aux artisans des possibilités d’accès de manière innovante aux crédits rapides, adaptés et fiables en vue du financement de la création et de la consolidation de leurs initiatives entrepreneuriales. Encore un peu de patience et vous en serez tenus informés après réglage de quelques détails techniques.

RT : Quels sont aujourd'hui les vrais défis du secteur de l'artisanat ?

VTD : S’il faut les résumer en trois points :

  • le renforcement des capacités des artisans à travers des formations et sessions de perfectionnement, en vue d’élever le niveau de compétitivité de leurs produits/services ;
  • l’amélioration du cadre institutionnel des structures d’encadrement en vue d’offrir aux artisans des services de proximité répondant à leurs besoins ;
  • L’assainissement du cadre règlementaire de création des entreprises artisanales et l’octroi à ces dernières des mesures promotionnelles visant à les solidifier : les textes existent déjà, il suffira de créer les conditions de leur mise en application pratique.
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