(Togo Officiel) - Malgré les nombreux défis sécuritaires dans la région du Sahel, la lutte contre la faim et l’amélioration de la situation nutritionnelle des populations doivent figurer en bonne place dans les agendas des gouvernements. Tel est le message lancé hier par Oxfam, Save the Children et Action contre la Faim, dans leur nouveau rapport baptisé « Sahel : priorité à la résilience et au développement ».
Pointant du doigt la place croissante de l’insécurité dans les sphères politiques, financières et politiques, les organisations disent redouter un délaissement des questions alimentaires alors même que la situation reste préoccupante et appelle à une action urgente. « Si la réalité de la menace sécuritaire ne peut être contestée et nécessite une réponse de la part des gouvernements, elle ne doit pas non plus se traduire par une réduction de leur implication dans la lutte contre les aspects multidimensionnels de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.», soulignent-elles.
D’après le dernier panorama de l’ONU sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition, le Sahel est la partie du monde, qui a enregistré la plus importante progression du nombre de personnes sous-alimentées en 2017 (13,1 millions d’individus).
« Les stratégies pour le Sahel se multiplient (19 au total) et la grille de lecture sécuritaire et migratoire domine les conversations dans l’approche des problématiques régionales. Les Plans de Réponse Humanitaire sont sous-financés dans les trois pays sahéliens touchés par l’insécurité [Mali, Niger et Burkina Faso, ndlr] alors que les besoins humanitaires augmentent.», indique le rapport.
D’après le trio d’organisations, l'approche promue par les Etats de la région et les bailleurs de fonds qui mettent la lutte contre l’insécurité au cœur du développement de la région, peine encore à prouver son efficacité et comporte le risque de dérive quant aux objectifs réels du soutien apporté au Sahel.
« L’augmentation des dépenses militaires ne semble pas aller de pair avec l’éradication de l’insécurité dans la région. Celle-ci semble au contraire se déplacer dans de nouvelles zones. En floutant la distinction entre humanitaires, acteurs de développement et militaires, le principe de neutralité humanitaire est remis en cause, au détriment des populations.», note le document.
Si des efforts ont été menés au niveau régional, sur les plans de la gestion des périodes de soudure et d’harmonisation des systèmes de gestion de risque, « un effort important reste à fournir pour la pérennisation des dispositifs encore trop dépendants des financements internationaux et de courte durée », expliquent les organisations.
Afin de faire face à la complexité des questions alimentaires dans la région, les organisations invitent les Etats et leurs partenaires techniques et financiers à « revoir la pertinence de leur approche sécurité-développement ».
Elles recommandent en outre, une meilleure participation des organisations de la société civile dans les mécanismes de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles.
Espoir Olodo